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LE JARDINIER CULTUREL
A l'image du jardinier, l'enseignant a pour mission de" semer des graines de connaissances et de culture" dans la tête de nos chers élèves.
Le problème, c'est que parfois, la terre à ensemencer est peu riche, voire stérile.
Eh oui, ne nous cachons pas la face : nos petits loulous ne sont pas tous égaux face à la culture et ne possèdent pas tous le même bagage culturel lorsqu'ils arrivent à l'école.
La mission de notre jardinier-enseignant est parfois contrecarrée par une terre qui n'a pas été suffisamment préparée à accueillir les graines de la connaissance.
Attention, il ne s'agit pas de jeter la pierre aux parents d'élèves : notre société actuelle a évolué de telle sorte que nos parents se trouvent souvent démunis face à l'éducation de leurs enfants.
Par rapport aux générations précédentes, la transmission des savoirs éducatifs ne semble plus s'effectuer correctement, voire plus du tout.
De plus, nos parents d'élèves, pour certains, semblent être restés de grands enfants, incapables de se projeter dans leur rôle de parents et incapables de l'endosser pour éduquer leur progéniture. Une réalité actuelle mais avec des conséquences très concrètes sur les enfants et leur rôle d'élèves : autonomie, connaissance des règles de vie en société, frustrations nécessaires pour bien grandir ne semblent plus faire partie du bagage nécessaire pour arriver à l'école mais aussi pour certains enfants pas de lecture d'histoires, pas de jeux de société, pas d'échanges verbaux......
Autant vous dire que la tâche de notre jardinier s'est complexifiée et qu'il doit désormais soupoudrer l'enseignement d'une bonne dose d'éducatif.
Il faut aussi tenir compte des élèves allophones : cette barrière de la langue qui comme une giboulée printanière ne permet pas aux graines de la connaissance de pousser correctement.
Fort(e) de tous ces constats, l'enseignant-jardinier a deux solutions qui s'ouvrent à lui :
* Fermer ses yeux et ses oreilles et enseigner sans tenir compte de tous ces constats : personne ne lui en voudra parce qu'il fait ce qu'il peut et qu'il n'a pas fait des études pour apprendre à des enfants à se tenir correctement en société. De plus, parfois, cela peut sembler impossible de vouloir essayer d'apprendre quoi que ce soit à des élèves tellement il est difficile pour eux de comprendre ce que l'on attend d'eux en tant qu'élèves. OU
* SE RETROUSSER les manches : partir de ces terres en jachère et peut-être changer les graines utilisées jusqu'à maintenant et en trouver des nouvelles (des hybrides...)
Concrètement, commencez par vous demander :
*Au niveau compétences
- Qu'est-ce que les élèves savent ?
- Quels sont leurs centres d'intérêts ?
*A partir de ce recueil :
- Quelles premières compétences pourrait-on développer et mettre en place ?
- Restons humbles : n'essayons pas de vider la mer avec un compte-gouttes mais ayons toujours l'espoir d'en récupérer quelques gouttes.
Pour cela, il faut arriver à "se détacher" des programmes et à travailler cette décision avec l'équipe pédagogique. De toute manière, rester dans le programme si les élèves ne savent pas parler ou possèdent un vocabulaire très pauvre ne donne pas grand-chose à part s'arracher les cheveux. Ce qui compte, c'est une équipe pédagogique soudée qui décide d'objectifs simples (ne pas rester seul, permet de se sentir soutenu face aux parents qui ont parfois des exigences qui ne vont pas franchement avec l'éducation qu'ils n'ont pas donnée à leurs enfants) ....
* Au niveau des activités
- Même si les élèves sont en GS ou en CP, il faut accepter de leur lire des histoires destinées aux tout-petits (niveau 3 ans) selon leurs centres d'intérêt pour les accrocher avec des histoires qu'ils pourront comprendre.
- Pratiquez des temps de langage comme en petite section :
- Pour développer, enrichir le vocabulaire en commençant par des mots simples du quotidien et de la vie de classe.
- Pour structurer des syntaxes de phrases simples.
Parfois le jardinier n'a pas de grands terrains à cultiver mais juste des pots en terre : commençons petit ; ainsi, nous serons plus sereins pour avancer.
- L'important est que les élèves aient envie d'en apprendre davantage.
Je sais, ce n'est pas si simple, ce n'est pas facile surtout quand il faut s'arrêter toutes les 30 secondes parce que les élèves n'écoutent pas "sagement" et qu'ils se promènent dans la classe et font autre chose.
Et bien pourquoi ne pas tous se promener dans la classe au rythme du tambourin en chantonnant les mots de vocabulaire que vous voulez faire mémoriser. Une mélodie permet de mieux mémoriser des mots.
Il y a les programmes certes, mais les évaluations diagnostiques de début d'année peuvent révéler que rien ne sert de courir car sinon vous allez perdre beaucoup d'élèves en route.
- Baignez-les élèves dans du langage qu'ils comprendront en utilisant des marionnettes ou une mascotte pour mobiliser leur attention.
- Réutilisez tous les jours deux ou trois mots sortant des histoires racontées ou provenant de leur contexte familial pour que ces mots appris finissent par être mémorisés et deviennent du vocabulaire familier.
-Visualisez sur des sacs à mots accrochés au mur, livre de mots individuels dans lequel on peut coller les images des mots appris.
Voir dans la rubrique : en CP "ETUDE DE LA LANGUE"
* Du matériel pour fabriquer des phrases.
* Un imagier à compléter au fur et à mesure de l'acquisition du vocabulaire.
N'oubliez pas : LA CULTURE PASSE AVANT TOUT PAR LE LANGAGE et la connaissance de vocabulaire.
Quand on ne connait pas les mots pour comprendre, on ne peut pas apprendre. Il faut donc s'adapter aux élèves et pas l'inverse.
Certains élèves en CP ne s'expriment qu'avec des mots-phrases, n'utilisent pas le "je", alors leur parler de Mozart ou des planètes peut sembler vain, tout au moins au début.
Et que dire quand il faut apprendre à lire à des élèves dont le bagage lexical est réduit à une peau de chagrin….
NE PAS DESESPERER et faire ce que l'on peut : Si dans la classe, l'enseignant a réussi à mettre en place un climat serein, c'est déjà un grand pas.
Ce n'est pas toujours le cas, car dans les classes on peut trouver des élèves très perturbés et perturbateurs et il faut alors gérer des problématiques qui empêchent tout bonnement d'enseigner.
Ce métier est dur, abrupt, peu reconnaissant de toutes nos graines semées car parfois peu germent par rapport à la quantité semée.
Contentons-nous de petites victoires dont nous nous réjouirons avec nos élèves : cela leur permettra d'avoir envie de renouveler l'expérience.
Tags : jardinier, graines, culture, connaissances, GS, CP, Lexique, élèves
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